Coquilles

Publié le par LAFONT

 Il y a quelques mois, un court séjour en Normandie et sur les plages du débarquement de 1944 m'a profondément troublé, et je vous en ai ramené quelques fragments, bribes d'émotions glanées ça et là, parcelles de mots et images, en toute discrétion.

H comme Humanité, H comme Horreur, H comme Histoire ... Tant de vies fauchées à chaque instant, esprits déracinés qui flottent dans le néant, mais qui ont semés les Croix de l'Espoir dans les sols fertiles de la Terre. Enfermés à l'aube de nos vies dans le cocon placentaire, enfermés nous vivrons dans les murs de nos existences, enfermés sous un plafond d'humus, pour un dernier mariage avec la nature.
 
Chacun dans sa coquille... Multicolores, concassées par les tourbillons du temps qui passe, nos enveloppes résistent tant bien que mal aux assauts du présent. Lorsqu'elles s'entrouvrent pour capturer un pinceau de lumière, elles surprennent parfois le clin d'oeil et le sourire en coin d'un congénère à la fois si proche et si distant. C'est qu'il faut la chercher parfois bien loin, cette parcelle d'humanité censée nous placer en haut de l'échelle darwinienne. Il faut décortiquer, ouvrir souvent de force les consciences endormies pour en extirper une perle rare. Il faut souvent la patience d'une vie, l'amour et l'oubli de soi, pour ressentir enfin la présence d'autrui.
 
Lorsque s'éloignent dans le lointain les lentes vagues de la nuit, instant magique où il ne reste plus que l'Un et l'Autre, reflets réciproques, parfaites symétries, si différentes et si complémentaires. Le reflux les a fait naître, Fils et Fille de l'écume de la Vie, face à face devant l'infini.
 
Unique dans sa multiplicité, notre carapace humaine étend ses horizons comme un soleil bienveillant. Nos visions, nos mots et nos chants explosent et rayonnent, résonnent sur les autres coquilles qu'ils atteignent, et se propagent, de l'une à l'autre de chaque créature, pour former les ondes du Vivant.
 
Solitaire, il gravite le tronc rugueux de son existence, traînant le lourd fardeau de son passé. Le passé est-t'il l'ombre du futur, ou est-ce le contraire ?
 
Solidaires, deux existences se posent l'une contre l'autre, leurs poids respectifs s'annihilent en un frisson bienfaisant. Ils contemplent ensemble une aurore nouvelle, esprits enfin allégés et unis dans leurs songes, et dans leurs lendemains.
 
Ecce Homo ... Gardons en nous l'espoir d'une nouvelle humanité, qui vivra d'un seul corps, et d'une seule conscience, mais aussi dans sa prodigieuse diversité et ses mystères insondables, qui en font toute la beauté et une source éternelle d'empathie.

A toutes et à tous, je souhaite
un bon week-end

J'espère que le soleil sera au rendez-vous

Merci de vos visites et de vos commentaires

YVES

Publié dans Mes photos macro

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M
De retour à la maison, c\\\'est un plaisir de retrouver ton coup d\\\'oeil que tes photos nous transmettent, et ta pensée philosophico-poétique (ce qui pourrait être un pléonasme)Bisous en attendant que je voie les autres publications pendant mon absence.
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M
Je viens chez toi par hasard et je ne suis pas du tout déçue ... Ton blog est de toute beauté, et les photos sont splendides ... Bonne journée à toi Yves !!
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G
Magnifique, cette comparaison brutale du cimetière et des coquilles... Sur fond de plage ensoleillée, ça fait comme un froid.
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M
c'est très émouvant...Quelles beautés ces photos... toujours  aussi délicieux pour les yeux de venir ici...Bravo
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G
On dirait que les escargots sont à la mode...C'est tellement photogénique...Et ça bouge pas trop vite !
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